Cependant son âme si élevée gémissait sous le poids du fardeau de la dignité royale. Un jour, comme il visitait le cloître de Vannes, il s'écria : "C'est ici le lieu de mon repos ; voilà la demeure que j'ai choisie !" Et il demanda à l'abbé de le recevoir sur-le-champ. Le religieux lui répondit qu'il était plus utile sur le trône que dans un couvent ; mais, sur les instances du prince, l'abbé se servit d'un moyen terme :
"Voulez-vous, lui dit-il, pratiquer l'obéissance jusqu'à la mort ?
– Je le veux, répondit Henri.
– Et moi, dit l'abbé, je vous reçois au nombre de mes religieux ; j'accepte la responsabilité de votre salut, si vous voulez m'obéir.
– Je vous obéirai.
– Eh bien ! Je vous commande, au nom de l'obéissance, de reprendre le gouvernement de votre empire et de travailler plus que jamais à la gloire de Dieu et au salut de vos sujets." Henri se soumit en gémissant.
Sa carrière devait être, du reste, bientôt achevée. Près de mourir, prenant la main de Cunégonde, il dit à sa famille présente : "Vous m'aviez confié cette vierge, je la rends vierge au Seigneur et à vous."
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Abbé Jaud