La foi nous enseigne qu'entre la terre et le Ciel il y a un lieu intermédiaire appelé purgatoire, lieu de purification, où les âmes des élus dont la pureté n'est pas parfaite expient, dans un feu mystérieux, mais redoutable, le reste de leurs fautes. Dieu est si pur, Dieu est si saint, que nul ne peut voir Sa face à découvert ni être admis en Sa présence, s'il n'est exempt de la plus légère souillure. Nous avons tous à craindre pour nos défunts que leur âme ne soit retenue captive dans ce lieu d'expiation ; ne nous rassurons pas trop vite sur leur entrée au Ciel ; prions pour eux, offrons à Dieu, pour leur soulagement, nos bonnes œuvres, nos souffrances, les indulgences, surtout le Saint Sacrifice de la Messe. Ces âmes demandent à grand cri notre secours, elles se plaignent de notre abandon ; nos prières et nos bonnes œuvres sont pour elle une rosée rafraîchissante, une douce consolation, une cause de diminution de leurs souffrances, un moyen de plus prompte délivrance.
La Vie des Saints, par mille traits du plus haut intérêt, nous rappelle ce que l'Église de la terre doit à celle du purgatoire. Si nos chers défunts viennent rarement, par des apparitions, secouer notre négligence et réveiller notre charité trop oublieuse, puissions-nous du moins souvent, chaque jour, être hantés par cette pensée : "Les âmes souffrantes m'implorent ; je puis facilement leur venir en aide ; à l’œuvre, sans retard et sans trêve !" La dévotion envers les âmes du purgatoire aura pour nous-mêmes un double résultat salutaire : elle nous fera craindre les moindres fautes, par le souvenir des châtiments qui devront les expier ; elle attirera sur notre âme, après notre mort, les miséricordes divines promises aux cœurs miséricordieux.
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Abbé Jaud