A sa grande piété s'ajouta une science extraordinaire. A dix-neuf ans, il avait parcouru le cercle de toutes les sciences religieuses et humaines : latin, grec poésie, sciences exactes, mélodies grégoriennes, liturgie sacrée, Écriture Sainte surtout, rien ne lui fut étranger. Mais la pensée de Dieu présidait à tous ses travaux : "O bon Jésus, s'écriait-il, Vous avez daigné m'abreuver des ondes suaves de la science, accordez-moi surtout d'atteindre jusqu'à Vous, source de toute sagesse."
D'élève passé maître, il eut jusqu'à 600 disciples et plus à instruire ; ce n'est pas un petit éloge que de citer seulement saint Boniface, Alcuin, comme des élèves par lesquels sa science rayonna jusqu'en France et en Allemagne. Étudier, écrire était sa vie ; mais l'étude ne desséchait point son cœur tendre et pieux ; il rédigeait tous ses immenses écrits de sa propre main : les principaux monuments de sa science sont ses vastes commentaires sur l'Écriture Sainte et son Histoire ecclésiastique d'Angleterre.
Le Saint eut à porter longtemps la lourde Croix de la jalousie et fut même accusé d'hérésie : ainsi Dieu perfectionne Ses Saints et les maintient dans l'humilité. Il n'avait que soixante-deux ans quand il se sentit pris d'une extrême faiblesse. Jusqu'à la fin, son esprit fut appliqué à l'étude et son cœur à la prière ; tourné vers le Lieu saint, il expira en chantant : Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto.
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Abbé Jaud